dimanche 2 février 2014

Moi, mulet pour la science

Me voici de retour sur ma terre promise, le Nouveau-Mexique. Et le voyage n'a pas été de tout repos. La dernière fois, j'ai passé de drôles d'échantillons blancs banalisés (lien). Cette fois-ci, j'ai misé sur l'indiscrétion. J'ai décidé d'affoler les contrôles de sécurité. Comment ? Tout simplement en transportant dans mon bagage à main, un bloc d'acier de 3kg... Autant vous dire que les agents de la sécurité ne pouvaient pas le rater sur leur écran de contrôle. Saturation du code couleur. Alarme. Et tout le kit. Cette année, je suis un mulet pour la science.
Tout a commencé à l'automne 2013. Autour d'une (ou plusieurs bières) puis plus tard autour d'un café. J'acceptais, nonchalamment, de participer à un projet faisant intervenir des partenaires français, américain (Los Alamos) et japonais (mon collègue Eshishi). Entre nous, je pensais plus à mon envie de voyager, de quitter Paris quelque temps, qu'à tous les tenants et aboutissants techniques, scientifiques et logistiques du projet. Début Janvier, j'apprends que le partenaire français qui devait commencer le projet se désiste. Et qu'au lieu de commencer l'année prochaine, ma mission commençait dès cette année. Et elle devait commencer par le transport de 3kg d'acier. OK, je prends. J'adore les défis. En particulier lorsque je voyage vers les states.
Roissy Charles-de-Gaulle, Terminal 1, il est 6h du matin, Paris dort encore. Les yeux cernés, me voici à l'enregistrement, moi et mon bloc d'acier. Impossible de le laisser dans mon bagage en soute qui dépasse justement la limite autorisée de 3kg. Impossible de le planquer à la manière des mules de Colombie... Il fera donc le voyage dans mon bagage à main. Que la fête de la sécu commence !
Je débarque donc à la sécurité du T1, je sors mon portable, mon appareil photo, mon zoom 200mm, et bien sûr mon bloc, emballé dans son papier brouillon. Tout passe sans problème, jusqu'au passage du bloc. Le mec manque de tomber de son fauteuil. Il arrête le tapis roulant. Prend l'objet avec précaution et le refile illico presto à la stagiaire. Celle-ci sort son arme, une petite brosse, qu'elle frotte sur toute la surface de mon bloc. La brosse passe au scanner. Rien à signaler. Je peux monter à bord avec mon bloc. Facile. Trop facile.
Vol Paris-Frankfurt sans encombre. A Frankfurt, on retrouve tous les clichés allemands, des bretzels, de la wurst en veux tu en voilà. Des clients boivent leur pinte de bière adossés au comptoir. Il est 8h30 du matin. Je m'attends à tout moment à voir débarquer un mec avec un Lederhose, la fameuse tenue traditionnelle bavaroise. Mon esprit s'emballe et je commence à imaginer qu'ils sont peut-être tous des figurants payés par l'office de tourisme allemand...
Il est l'heure d'embarquer dans mon A380. Il est énorme. 6 entrées sur deux niveaux. A l'intérieur, c'est le grand luxe. Une place de fou pour les jambes et un écran individuel, yes ! 



Voyage jusque Houston sans encombre. Vol dans les nuages. Survol des puits de pétrole du Texas.


A Houston, on retrouve tous les clichés sur le Texas. Les noirs transportent les blancs, les noirs portent les bagages des blancs, les noirs briquent les chaussures des blancs... Est-ce encore un coup de l'office de tourisme, Texan cette fois-ci... pas vraiment.... 
Il fait chaud, moite et lourd. La plupart des gens sont en short et en tong. Bienvenue au Texas, à l'Aéroport Intercontinental Georges Bush, rien que ça !
Je passe l'immigration sans problème, j'ai bien fait attention de remplir mon ESTA (pas comme l'année dernière).
Puis passage à nouveau devant la sécurité. Tout y passe. Je finis presque à poil avec mon bloc d'acier. Je passe le scanner corporel. Et bien sûr, quelqu'un m'attendait à la sortie. Pas moyen que j'embarque dans l'avion avec mon dense compagnon de voyage. La raison : Too heavy. Ah. Un laptop de 3kg, ça passe. Un bloc d'acier de 3kg, ça ne passe pas. Too heavy. Je lui ai proposé que l'on pèse ensemble le bloc. Pas de balance. Alors comment sait-elle que c'est trop lourd. Too heavy.  Et puis on ne l'a lui fait pas, ses sens ne la trompent pas. Too heavy. J'ai bien tenté de lui expliquer le concept de densité, d'atomes, sans succès. J'ai échoué lamentablement. Je me suis donc résigné à enregistrer mon bloc au comptoir de la compagnie. Comme la boite était trop grande et que je voulais protéger mon précieux, je l'ai emballé dans mon manteau. Payé les 15$. Et prié pour que le petit colis arrive bien à destination, et entier. Et j'ai repassé la sécu à moitié nu, mais sans problème cette fois.

Vol Houston-Albuquerque à bord d'un mini avion. J'ai pioncé toute la durée du vol. Arrivée à Albuquerque, je retrouve mes bagages et mon précieux colis. Presque intact. La sécurité m'a quand même laissé sa carte de visite à l'intérieur... 
Dans l'aéroport, on retrouve tous les clichés du Nouveau-Mexique, de l'artisanat indiens en veux-tu en voilà, des breakfast burritos, des latinos qui servent les blancs, des latinos qui...


Je récupère ma voiture de location. Derrière le comptoir, un étudiant, tente de me parler français en remplissant les formulaires. Il est souriant. Sa collègue est souriante. Il me trouve jeune pour être scientifique ("c'est que vous devez être super bon"). Il trouve que je n'ai pas changé par rapport à la photo de mon permis ("à part la couleur de vos cheveux" (qui étaient vaguement rouge-orange. On est fin 1997. C'était ma première coloration)). Il me dit qu'il part à Paris cet été pour les vacances ("est-ce que vous connaissez des endroits sympa")... et il finit par me laisser son email sur sa carte de visite, au cas où.... sa collègue, morte de rire. Moi, mort de rire. Je crois qu'il m'aimait bien...
Puis j'ai eu droit à la présentation de chacune des voitures que je pouvais louer par une femme de plus de 70 ans, elle aussi très souriante. J'ai pris la voiture la plus neuve, 5 miles au compteur. Elle sent encore le neuf. J'ai rempli le coffre avec tous mes bagages et mon bloc d'acier.

Direction mon motel (sans carte), je connais la route. J'ai eu une chambre à l'étage, pas loin de celle où Brozer avait eu affaire à un fou, il y a déjà 6 ans ! Je défais mes bagages. Je vérifie que mon bloc d'acier est toujours là, intact. A la TV, les mêmes shows de téléréalité que l'année dernière, avec les mêmes protagonistes. Certaines choses changent, d'autres pas.

Le lendemain, réveil matinal, direction Santa Fé (SF pour les initiés). Une sensation de plénitude m'envahit. L'immensité, les couleurs, le désert. Difficile d'y mettre des mots. Une prochaine fois peut-être... Je retrouve les proprios qui me prêtent leur maison pendant 2 mois. J'ai la clé. Je suis chez moi. Avec mon bloc d'acier.

MISSION ACCOMPLIE.

Faire le mulet pour la science : CHECK !

Que la saison 3 commence !

 The bloc d'acier dans son papier brouillon. Ca en valait la peine, il est beau, non ?







8 commentaires:

  1. Hey salut Sylvain ! C'est cool que tu reprennes "la plume" ! Ca commence fort cette année. Il faut dire que tu fais des trucs bizarres quand même...Vivement le prohain épisode !
    Bises
    Sandrine

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    1. Yes, je suis curieux de voir ce que va etre le prochain episode !

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  2. Yo sylvain, Bon atterrissage au nouveau mexique. Bises. Fred

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  3. Les cheveux rouge...le 4 à Compiègne s'en souvient encore...
    Fais gaffe avec cette même coloration et un bloc de 3kg, y'a moyen que les latinos te prennent pour un fou!!
    Biz lulu et jb

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    1. Mouais mouais, les cheveux rouges. Ca fait longtemps. Il va peut etre falloir que je recommence...

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  4. Et ton manteau dans tout ça ? bisous Uncle Bico. GAP

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    1. Manteau récupéré, avec le bloc d'acier. Nickel ! J'aime quand un plan ce déroule sans accro :)

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