Nouvelle niouze.
Feuille blanche.
Comment remplir cette feuille blanche. Quoi dire. Par où commencer. Ne pas paniquer. Trouver l'inspiration.
Peur de la feuille blanche.
Nourrir l'inspiration de ses propres expériences. S'approprier sans vergogne celles des autres. Provoquer l'inspiration. Voilà, c'est ça, provoquer l'inspiration.
Il est 7h du matin, je suis en avance pour prendre le bus reliant Santa Fé à Los Alamos. Quand se déclare une douleur aiguë, insupportable, qui me transperce le dos. Je frissonne, je transpire, je m'accroche au lavabo pour ne pas m'étaler dans la salle de bain. Je récupère mon téléphone portable. Toujours l'avoir à porter de main. Se rassurer. S'allonger. La douleur ne passe pas. Comment l'atténuer. Se rappeler qu'il a neigé toute la nuit. Ramper jusqu'à la porte d'entrée. L'ouvrir, et se retrouver sur le seuil de la porte, au sol. Prendre de pleines poignées de neige et s'étaler la neige sur le dos. Anesthésier la douleur. Puis la douleur s'estompe. Reprendre ses esprits. Sourire à nouveau. Voilà, je la tiens ma niouze. J'ai mal mais je suis content. L'inspiration est là. Je sens que je vais avoir de la matière. Y a plus qu'à.
Après avoir eu le feu vert de mon assurance, je décide d'aller aux urgences. Comme je n'ai jamais aimé profiter du système, je décide de ne pas y aller en ambulance, même si ça l'aurait bien fait pour ma niouze. Tant pis. Je décide de prendre ma voiture. Racler la neige et le givre sur les vitres. Puis déblayer le trottoir de la neige, à grands coups de pelle. Je ne sens plus la douleur. Je suis tout excité d'aller aux urgences. J'ai des images de la série Urgence qui me traversent l'esprit. Des pompiers qui débarquent dans la salle d'attente des urgences, tirant une civière, sur laquelle git un mec blessé par balle ou bien désencastré de sa voiture. Le Dr. Ross et ses belles dents blanches. J'ai hâte de voir ça en vrai.
Mais avant ça, je dois traverser la ville sous la neige. Ne pas avoir d'accident pour se retrouver soi-même sur la civière... J'arrive enfin à l'hopital. Son nom Christus St Vincent. Il est vaste et s'étalle sur des dizaines de buildings. Je trouve les urgences puis une place de parking qui n'est pas réservée aux docteurs, aux administratifs, aux patients avec rendez-vous, aux patients sans rendez-vous mais ne restant pas plus de 30 min, aux agents du gouvernement, aux agents de la sécurité... Je me fraye un chemin dans la neige. Ne pas tomber. Puis franchir les portes des urgences. Surprise, personne dans la salle d'attente. Pas même un cri. 1ère déconvenue. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter dans ma niouze. A nouveau, peur de la feuille blanche. A l'accueil, je donne mon nom et ma date de naissance, et je suis pris en charge directement. Pas le temps de s'assoir dans la salle d'attente et d'observer ce qu'il s'y passe. Une infirmière me pose tout un tas de questions en ligne. On prend ma tension. Elle est haute, comme d'habitude, à chaque fois que je suis au Nouveau-Mexique. Rien de nouveau. "C'est l'altitude", ou bien c'est dû à votre douleur. Puis on me transfère dans ma chambre. La chambre ressemble à celle des séries. Équipée de tout un tas de matériel, ainsi que du fameux rideau qui protège ton intimité. Un autre infirmier, Carlos, vient me poser les mêmes questions afin de remplir SON questionnaire en ligne. Il s'occupe de moi et me donne 2 missions. Je dois revêtir une belle tenue de malade et pisser dans un bocal. Mission accomplie et avec le sourire (cf photo). Puis c'est au tour de l'interne de me reposer les mêmes questions. J'améliore mes réponses. Je fais tantôt de l'humour, tantôt dans le dramatique. Ça plait. Je fais le show. Entre temps, une comptable est venue s'assurer que je vais bien payer. Elle a tout pris, mon numéro de passeport, mon adresse, mon tel, ma religion (what ?), le nom, numéro et adresse d'un ami aux USA (Zhe Frenchy, t'es fiché maintenant !). Je luis propose de prendre mes empruntes digitales pendant qu'elle y est. Humour. Bof, ça ne passe pas avec elle. Elle me demande ma carte d'assurance santé. J'en ai pas. Elle est étonnée. J'en profite pour militer un petit peu et lui expliquer qu'en France, on est tous assuré par la même assurance santé et qu'il n'est donc pas nécessaire d'avoir une carte d'assuré. Elle écarquille ses yeux. Ne me crois pas. Enfin arrive le médecin chef. Il m'explique ce que j'ai. Rien de grave. Mais faudrait quand même en avoir le cœur net par un CT scan. En effet, il se peut qu'il y ait des complications dans 10% des cas. En France, on te le fait. Aux USA, on te dit d'abord le prix. Et dans mon cas, c'est au moins 1000$. Si t'es mal assuré, tu lui dis non merci poliment et prie pour que tu sois dans les 90%. Si t'es bien assuré, tu lui dis, vas-y, vérifie que je ne sois pas dans les 10%. Avant de partir, il me gratifie d'un "Take care Bro" ! Les brancardiers qui m’emmènent au CT scan, lui font écho et me donnent du "Bro" en veux-tu en voilà. L'un d'eux ira même jusqu'à me dire "Hold on Bro. God bless you". Au bout de 3h sur place, il est temps de quitter les urgences, avec un rendez-vous à prendre chez un médecin pour le suivi et une ordonnance pour des anti-douleurs. Pas moyen de repartir avec ma radio à 1000$. Sur le chemin menant vers la sortie, je croise un pompier tirant un brancard, vide. La salle d'attente s'est remplie, mais on est loin de ce qu'on voit dans les séries américaines.
Passage par la pharmacie. Mes médocs sont contrôlés par l'état. Je dois être fiché, au cas où je deale mes anti-douleurs. Pas de passeport américain, pas d'anti-douleur... La pharmacienne est catégorique. Après d’âpres négociations et un coup de téléphone au siège de la pharmacie, ils obtiennent le feu vert. Je ressorts avec 15 pilules. Il est tant de rentrer chez moi et me mettre à écrire. Je crois que je tiens ma niouze ! La peur de la feuille blanche a disparu pour quelque temps.
Tester les Urgences américaines : CHECK !!
Passage par la pharmacie. Mes médocs sont contrôlés par l'état. Je dois être fiché, au cas où je deale mes anti-douleurs. Pas de passeport américain, pas d'anti-douleur... La pharmacienne est catégorique. Après d’âpres négociations et un coup de téléphone au siège de la pharmacie, ils obtiennent le feu vert. Je ressorts avec 15 pilules. Il est tant de rentrer chez moi et me mettre à écrire. Je crois que je tiens ma niouze ! La peur de la feuille blanche a disparu pour quelque temps.
Tester les Urgences américaines : CHECK !!
Devant chez moi, avant de prendre la voiture
Sur la route vers l’hôpital
Suivre le bon panneau
à l’hôpital.
Bon OK, t'as fait ton malin avec les docteurs Ross et Shepherd mais au final, tu as quoi ? Un sciatique ou juste des gaz ?
RépondreSupprimerJB
Je penche en faveur des gaz ;-)
RépondreSupprimerGrosses bises.
GLJ
Colique néphrétique et accès de frime!
RépondreSupprimerC'est ça, une petite colique néphrétique bien comme il faut. J'ai pas mal douillé.
RépondreSupprimerMais voilà, faut voir le "bon" coté des choses, surtout dans ces moments là... D'où cette niouze un peu irréelle :).
La bise les cocos.
En tout cas t'arrives a nous faire marrer ! (La photo où t tout pale avec la tenue reglementaire aide pas mal :) )
RépondreSupprimerJ'espere que ca va mieux maintenant
A 1000$ l'épisode, t'as eu un nespresso au moins ? Y avait pas une bonne vieille écho à 250 $ ? ça va mieux au moins ? Bisous
RépondreSupprimer@GAP :J'ai demandé une écho (moins chère) mais pas moyen, ils ne juraient que par le CT Scan de marque allemande. D'ailleurs la radiologue me croyait allemand avec mon nom et ce disait que la machine pouvait me parler allemand...
RépondreSupprimerSinon ça va bien, je vous rassure, passer les 10 premières minutes, tout était rentré dans l'ordre. Ca arrive, surtout pour chez les mecs âgés de 30-40 ans... Je suis dans le coeur de cible :).
@ Pierre : T'inquiètes, je vais pouvoir conduire la caisse pendant notre road trip !