Je
partais donc de bon matin, ce dimanche, pour rejoindre ma première
étape, la petite ville de Chimayo et son sanctuaire, aussi surnommé le
Lourdes d'Amérique du Nord (Tient, je me demande pourquoi ils ne l'ont
pas nommé New-Lourdes, comme tant d'autres villes....). En chemin, je
m'arrête à la ville carrefour indienne de Pojoaque pour faire des
réserves d'eau et de barres énergétique à la station service du coin. Le
type à la caisse est tatoué du cou jusqu'aux phalanges des mains
(peut-être celles des pieds l'étaient aussi...). C'est assez
impressionnant. En regardant autour de moi, les autres clients étaient
aussi tatoués pour la plupart, qui des bateaux, qui des fleurs, des
cœurs transpercés, des lettres, des trucs non reconnaissables.... Me
prends l'envie urgente de me tatouer un truc, et faire un peu plus
couleur locale (mon pull à capuche rouge avec le symbole ZIA ne
suffisant pas). Je me mets à fouiller dans la poche gauche, puis dans
la poche droite de mon manteau. Lorsque je tombe enfin sur mon stylo
noir 0.5 microns, ouf, je vais pouvoir me faire un beau tattoo. Lorsque
je quitte Pojoaque, je me retrouve dans le pueblo de Nambé, puis dans le
désert. Les paysages sont magnifiques, des mesas, des petits arbustes
et des formations rocheuses à perte de vue. A Chimayo, la messe se
termine. Sortent de la petite chapelle, des jeunes femmes, des hommes,
des vieux, tous tatoués. Et que ça continue ! Je visite la chapelle. Au
détour d'une porte, je me retrouve dans une petite pièce circulaire de
2m de diamètre, moins de 2m de haut, avec en son centre, une petite
pelle de bac à sable. Tient, qu'est-ce donc ? Me voici, dans le saint
des saints, dans la Holly mud room (et la petite pelle permet de
récupérer un peu de terre sacrée (Holly mud)). Je ne peux m'empêcher
d'en prendre un peu et m'en tartine les mains, on ne sait jamais. En
sortant de la chapelle, je longe des murs sur lesquels sont collés des
milliers de portraits d'inconnus et pour lesquels des gens ont
certainement prié les mains pleines de terre...
![]() |
La chapelle de Chimayo et sa terre sacrée |
Je
reprends la route et traverse à nouveau des paysages grandioses qui me
bouleversent. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis ému. Je me sens tout
petit, perdu dans un monde immense. Je me sens tellement loin de Paris
et de la Normandie. J'ai l'impression de découvrir un nouveau monde.
Enfin
bon, je ne suis pas le premier, puisque ça et là, gisent des carcasses
de voitures, des vieux-mobiles ponctuent le paysage, pour constituer de
petits hameaux, des villages perdus, loin de tout. Quelques familles
d'indiens pueblos ou bien des ancêtres des premiers conquistadors
espagnols sont à l'origine de la plupart de ces hameaux. Drôle de
mélange.
Je commence à
avoir faim. Je choisis le restaurant avec le plus de voitures devant, à
défaut d'être un gage de qualité, je suis sûr de retrouver un peu
d'animation et me distraire pendant le repas. Et de la distraction, j'en
ai eu. Je m'assois à une table quand le mec derrière moi, me prend par
le coude et me dit que j'ai choisi "the best place". Je lui réponds et
il capte directement mon accent. C'était parti pour les présentations.
Lui, c'est Ron. Le questionnement "d'où tu viens, que fais-tu, depuis
combien temps...." et les conseils "tu devrais gouter ça, teste le
chili...". Avant de partir, Ron me file sa carte de visite avec son
numéro de téléphone en me tenant toujours le coude. Et au cas où j'ai
des problèmes de vue, Ron écrit en plus gros son numéro de tel sur une
feuille de commande de la serveuse et me glisse, toujours en me tenant
le coude, mais cette fois-ci, en me regardant droit dans les yeux : "Si
tu t'ennuies, n'hésite pas à m'appeler, hein ;)!".... Ron a au moins 60
ans... Pendant ce temps, à la table d'à coté, un très vieux cowboy (je
dirais 80 ans), le Stetson vissé sur la tête, n'arrête pas de poser des
questions à voix basse chaque fois que la petite serveuse passe.
Pourboire oblige, elle s'approche chaque fois plus prêt de lui, écoutant
le vieux cowboy lui répéter sa question, tout en profitant pour lui
tenir le coude, elle aussi. En sortant du resto, je tombe sur un autre
vieux (décidément), en béquille celui-là. Il bafouille et me demande un
"ride" pour le centre ville. Seulement, le vieux, il ne sait pas que je
l'ai vu reluquer et interpeler une autre petite serveuse pendant tout le
repas, en suggérant des trucs graveleux. Tant pis pour lui. Je le
laisse sur place, direction le centre ville (de Taos)
En
sortant de Taos, je me retrouve à nouveau plongé dans des paysages de
fou. De grandes plaines de buissons, ponctuées par des petites
montagnes, avec au loin, le Colorado et ses grandes montagnes au sommet
enneigé. Le ciel est gris, voir menaçant. Les couleurs sont terribles.
Je trippe grave et fait chauffer l'appareil photo.
La
transition vers le Colorado, est marqué par le passage des maisons en
adobe à des maisons en bois... ainsi que par les premiers coffee-shop
(et oui, la vente de marijuana est légale depuis le début de l'année) !!
Il
commence à se faire tard. Je décide de m'arrêter dans un
village-carrefour, Fort Garland, 433 habitants, 2 motels en bord de
Highway et un restaurant vide à l'heure du diner. Je suis le seul
client. Je vais me coucher, des images plein la tête. Je dois me
reposer, car demain est un grand jour. Je vais tenter d'escalader la
plus haute dune d'Amérique du nord, soit presque 3000m d'altitude !
![]() |
La maison du Christ... |
![]() | |
Le Colorado et ses montagnes enneigées |
![]() |
Fort Garland, la ville carrefour |
T'as su traduire tous les trucs graveleux du vieux ou t'as seulement suputter d'après son look??
RépondreSupprimerSinon nous on veut une photo des tatouages, pas ceux des cowboys mais les tiens!!! Si si...
Biz
Mdr !
RépondreSupprimerBelle news, belles photos !
Et le restau ou tu t'es fait (facon de parler) plein de potes c'est celui de la photo ?
Pierre
@ Lucie et JB: Pas de photos de mon tatouage... c'est intime... ;)
RépondreSupprimer@Sophie: Grace à toi, je deviens intelligent :)
@Pierre: Non, celui de la photo, c'est juste parce que c'est le bar de Paul (Qui l'a d'ailleurs affiché depuis sur la porte de son bureau :)).