surtension

 

Aujourd'hui, nous sommes Vendredi et cela fait maintenant une semaine que j'ai involontairement pris connaissance de ma (sur)tension, juste pour rire, et que je me suis retrouvé dans le rouge : Stage 1 de l'hypertension (écrit en rouge), avec à coté de la légende, une recommandation du service de santé du labo : contact the occupational medicine now, it's urgent ! Wow quand même !

Sur le coup, j'ai eu une mini flip, surtout qu'après avoir refait la mesure plusieurs fois (comme tout bon expérimentaliste), le résultat restait inexorablement bloqué dans le rouge. Pour me rassurer, je me suis trouvé des excuses (je viens de prendre un café, j'ai dû mal branché l'appareil, j'ai un petit stress passager...).

Le week-end passe. J'écris ma petite niouze sur XCORR pour partager mes expériences avec vous. A peine la niouze publiée, je reçois un mail de ma petite maman. Pas un mot sur mon super déguisement de Pirate de l'espace, ni même de félicitation sur mon domptage de XCORR... non.. mais un petit mail qui en remet une couche sur ma (sur)tension supposée. Un petit mail comme les mamans savent le faire, tout en douceur, mais qui fout le doute. Le message est bien passé (maman, tu es très forte ;-) !!), je craque, je vais faire un tour sur le net pour en savoir plus sur l'hypertension. Le tour fut très bref. Après 3 pages, je me voyais déjà mourir d'une crise cardiaque dans les jours qui suivent. Merci internet (on ne le répète pas assez : NE PAS ALLER SUR INTERNET POUR EN SAVOIR PLUS SUR SA SUPPOSEE MALADIE, c'est un coup à se foutre en l'air). Du coup, je commence vraiment à baliser.

Il est mardi midi. Personne dans la salle de manip cuisine. Je saute sur l'occasion. Je vais pouvoir reprendre ma tension, tranquillement, en cherchant à minimiser les sources d'erreur, comme tout bon expérimentateur qui se respecte. Un résultat étrange qui se répète, il y a peut-être un biais dans la mesure.

C'est l'appareil en libre service au labo

Première source d'erreur, ais-je bien utilisé la machine. Même si c'est une machine pour les nuls, avec un seul bouton start, il y a quand même 2 brassards, un pour les petits bras, un pour les gros bras. Bien que je sois très musclé des bras (si si), le brassard gros bras n'arrive même pas à créer un pression suffisante sur mon bras pour faire une mesure. Je suis donc définitivement dans la catégorie petit bras.... Comme c'est le brassard que j'avais utilisé Vendredi. L'erreur ne vient pas de là.

Deuxième source d'erreur : la position du bras. Si le bras est plus bas que le cœur, la pression devrait être plus grande. Je teste en levant un peu le bras, je gagne quelques dixièmes mais reste dans le rouge. Ce n'est pas suffisant !

Je commence sérieusement à me dire que la valeur mesurée n'est pas biaisée. Je passe en revue les autres sources d'erreur, telles que la contraction musculaire (j'essaye de relâcher de la tension en pensant à des choses douces (et non, je ne vous dirai pas quoi....)), telles que mon T-shirt à manche longue que je dois relever jusqu'aux aisselles et qui me fait un garrot (je me retrouve torse nu dans la cuisine...)  jusqu'au choix du bras sur lequel mesurer la tension (Y en a pas un plus près du cœur, non ? et si je changeais pour voir).... Bref, j'étais prêt à tout pour gagner quelques dixièmes. 

Comme rien n'y faisait et que je restais malgré tout mes efforts dans le rouge, je décidais de suivre les recommandations écrites : contact the occupational medicine now, it's urgent ! Au lieu de contacter le service santé du lab par téléphone et perdre du temps (de vie), je me suis rendu directement sur place. Ca tombe bien, c'est tout prêt de notre bâtiment. Le bâtiment de l'infirmerie (qui ressemble plus à une clinique qu'à la cave qui faisait office d'infirmerie à Paris 6) est tout neuf, y a même une entrée pour les urgences (j'hésite 2 secondes devant la porte, mais faut quand même pas exagéré !). A coté de l'entrée principale, on retrouve le camion de dépistage d'alcool et drogue en tout genre. Pour rentrer dans le building, il faut badger, ce que je fais fébrilement. Le hall d'accueil est énorme. Je m'avance vers le centre de la pièce en préparant mon speech. J'ai un peu peur du ridicule, même si le ridicule ne tue pas (contrairement à l'hypertension). Finalement elle prend ma demande avec sérieux et précise à sa collègue que c'est un cas "blood pressure". Ils doivent en voir défiler pas mal des comme moi depuis qu'ils ont installé ces machines en libre service dans tout le lab. Quand vient mon tour, je suis déjà soulagé. Je vais enfin en avoir le cœur net. L'infirmière, très gentille, me prend la tension tout en me demandant de me relaxer (en pensant à des choses douces...). Malgré tous ses efforts pour me déstresser, ma tension reste encore élevée, mais se rapproche de la normale ! Je reste inquiet. Pas elle. Ah bon, pourquoi ? "C'est écrit, là, je suis dans le rouge ! Not afraid ? Nothing to do ?". Elle me répondit que "that's normal, don't worry, this is because of the altitude". C'est vrai qu'on est à plus de 2200m d'altitude. J'avais oublié. Et puis elle me tend un petit papier avec des grilles. Si vraiment, VRAIMENT, j'étais inquiet, je pouvais toujours y noter ma tension, à prendre 2 fois par semaine. Et elle me reconduisit vers la sortie. "Don't worry, everything is fine".  De retour au lab, je me suis empressé de faire une vrai petite biblio (esprit scientifique oblige :-)) et il est vrai que l'altitude joue aussi sur la tension. D'après Medicine: For Mountaineering & Other Wilderness Activities 5th Edition, James A. Wilkerson, M.D.; 2001, les gens hyper-tendus voient leur tension baisser tandis que les gens normaux voit parfois leur pression augmenter temporairement. Je reste tout de même un peu sceptique.

Voilà, aujourd'hui, nous sommes donc Vendredi et en plus d'être bientôt le week-end, c'est aussi le jour où l'on peut mesurer sa tension tranquille car personne est au labo. Je compte bien remplir mon petit tableau. Cette fois-ci je fais tout bien, relaxé, pas de t-shirt qui fait garrot, bras pas trop haut ni trop bas, bonne taille de brassard et je prends ma tension. Résultat, je suis toujours dans le rouge. Y a un truc qui va pas.  Je décide de réajuster le brassard et de le mettre moins haut car j'ai plus l'impression qu'il me compresse plus le triceps que le bras. Résultat........ roulement de tambour.....  je suis dans le vert :-). Je répète plusieurs fois la mesure, je reste dans le vert. J'y crois pas. Il fallait juste mettre le brassard plus proche du coude que des aisselles (ce qui est plutôt logique). J'ai trouvé le biais expérimental. J'appelle Zhe Frenchie et Zhe mini Frenchette pour qu'ils voient ça et leur explique en long en large et en travers toute ma démarche scientifique, qu'ils approuvent sans broncher. Ils sont eux aussi soulagés. Putain, fallait juste mettre le brassard à la bonne place ! Ca m'apprendra de m'improviser docteur et de jouer avec les instruments médicaux... juste pour rire qu'il disait... je ne le referai plus.... promis maman :-) !