Je suis un nouvel homme. Nouvelles paires de lunettes. Nouvelles paires de chaussures de cowboys. Et bientôt nouveau physique. Enfin ça, c'est ce que j'espère. Pour arriver à mes fins, je me suis mis au Yoga, à un rythme quasi militaire : 3 fois par semaine. Je commence à maitriser le vocabulaire (dommage, je suis bon pour réapprendre le vocabulaire en France) et les positions. La position de base est celle du chien penché vers le bas, mais il y a aussi celle du chien qui fait pipi, la position de l'archer qui tire une flèche vers le ciel, la position du doritos (ou du triangle, c'est selon sa préférence), ou bien celle du bébé qui joue avec ses pieds.... Mais ma préférée reste la position du demi bretzel. Un vrai truc de fou. Y a moyen de rester coincé dans cette position sans un bon entrainement (tel que le mien, bien sûr !). Si vous êtes gentils, je vous ferai une démo, la prochaine fois qu'on se verra. Bref, le yoga, ça fait du bien là où ça fait mal. Certaines mauvaises langues (comme celles du lab de Los Alamos) diront que je vais au cours de Yoga pour mâter les chicks (comme on dit ici). C'est vrai qu'il y a des chicks, mais elles ne sont pas si nombreuses que ça. Et puis quand on fait le demi bretzel, en plus de ne pas être à son avantage, on reste surtout concentrer sur soi pour ne pas rester coincé. Donc point de de mâtage de chicks pendant l'entrainement. Au fait, savez-vous où ont lieu les entrainements ? Pas dans un gymnase, pas dans une salle de sport, pas en plein aire, mais dans les églises de Los Alamos, dont certaines nous prêtent leur salle de réunion ou leur hall.
Bon, le yoga, c'est bien, mais pour avoir un nouveau physique, ce n'est pas suffisant. J'ai donc décidé de mettre aussi au VTT. Il y a pleins de pistes autour du lab, dont certaines partent directement des marches du bâtiment. De plus, j'ai un super vélo à double suspension avant-arrière, un casque, des lumières et aucune pratique du VTT. C'est bon, je suis prêt à me lancer sur les pistes de Los Alamos. Zhe Frenchie se fait le Quemazon trail (un truc assez costaud qui monte dans la montagne, avec quelques passages où il faut monter des marches de 70-80cm) le midi et me propose de venir avec lui. Ok pas de problème. Je suis un nouvel homme. Même pas peur. Ce matin, je laisse mon coupé à la maison et je sors Zhe VTT. J'ajuste mon casque. J'enfourche la bête. Et me voilà en train de descendre à fond la caisse l'allée de mon garage. Youhouuuu, à moi la liberté. Freedommm. A bat les voitures. Je peux me déplacer à l'aide ma propre énergie, une énergie propre ! Ce moment d'extase fut malheureusement très bref. A peine sur la route, je me mis à changer les innombrables plateaux de mon vélo pour me retrouver à peine au dessus du plateau-qui-te-fait-pédaler-dans-la-semoule. Ce matin, je réalise que ma rue est en pente, et malheureusement pour moi, cette légère pente est en train d'anéantir tous mes espoirs de liberté. Arrivé en haut de la cote, le feux est rouge. D'habitude, je suis impatient qu'il passe au vert, le pied sur l'accélérateur, prêt à foncer. Ce matin, j'émis secrètement le vœux que le feux ne passe pas jamais au vert, ou alors pas trop rapidement. Quand il passa au vert, je n'avais pas encore repris mon souffle. Mais pas le temps de cogiter que je me retrouvais maintenant sur la route principale qui traverse Los Alamos, une 2x2 voies. Je ne pouvais plus faire machine arrière. Je ne pouvais pas non plus m'arrêter. Je m'aperçu là encore, que la route n'étant pas plate, mais grimpait légèrement, vraiment légèrement, mais suffisamment pour que je commence à sentir le gout du sang dans ma bouche. S'ajoute à ce triste tableau, le fait que je pleurais à chaudes larmes à cause de la brise sèche et froide qui me fouettait (légèrement, très légèrement vue ma vitesse) les yeux. J'arrive au pont qui traverse le canyon qui sépare la ville du lab. Il est long ce pont. Il est aussi en pente, toujours à mon désavantage. Je me revoie le passer en voiture, haut la main, regardant les gens sur leur vélo qui parfois n'avaient pas d'allure. Aujourd'hui c'est à mon tour. Et je pense qu'aujourd'hui je battais les records du mec qui n'a pas d'allure. En plus de pédaler toujours dans la semoule, arcbouté sur mon vélo, les doigts crispés sur le guidon, je me balançais de haut en bas à chaque coup de pédale, à cause de mes putains de suspension de la mort. Je suis sûr qu'il n'en fallait pas beaucoup plus pour que quelqu'un contacte le 911 ou s'arrête pour m'emmener à l'hôpital qui se trouvait juste en face. Arrivée à l'entrée du lab, il fallait encore que je le traverse. Et le lab est grand (12 000 personnes y travaillent). Pas de bol, la route continue de grimper. Je passe en mode escargot, soufflant comme un dingue, devant la caserne des pompiers. J'ai prié pour ne croiser personne, trop peur qu'un pompier ne souhaite se porter à ma rescousse (et qu'il prenne ma tension au passage...). Merde. Je suis un nouvel homme, avec un nouveau physique (et un mental d'acier). Je ne céderai pas. Pour raccourcir mon calvaire, je pris les chemins réservés aux piétons, au risque de me faire goaler par un des mecs de la sécu patrouillant en 4X4 ou pire, ceux patrouillant en blindé, car ici on ne rigole pas avec la sécurité des piétons et le règlement. Mais au diable ce fichu règlement. "I'm dying, guys. Let me go or rescue me.. hhhaaaa....argh". J'arrive enfin devant les marches d'escalier qui mènent à mon bureau. Je pose mon vélo. Envoie un texto à Zhe Frenchie pour savoir s'il a bien amener l'anti-vol. Puis m'assois sur les marches d'escalier. Tentant de reprendre mon souffle et mes esprits. Les jambes en coton. Les poumons au bord de l'implosion. Zhe frenchie, qui a certainement compris que je ne pouvais plus bouger pour quelque temps, m'apporta l'anti-vol. Fit une drôle de tête en voyant la mienne. Tâta mes pneus. "Mais ils sont dégonflés tes pneus, c'est pour ça que tu en a chié autant !". AHHH, putain de flat tires. C'était donc ça et pas uniquement mon nouveau physique qui ne vaut rien. Je renonce lâchement de faire le Quemazon trail avec Zhe Frenchie le midi. Par contre, il fallait bien que je rentre chez moi le soir. J'ai donc du reprendre mon vélo, les pneus regonflés à bloc cette fois-ci, tout comme ma motivation. Ce fut un vrai régale. J'ai dévalé à fond la caisse toute la route du retour. J'arrive chez moi, pas même essoufflé, un comble ! Mais pas le temps de m'auto-congratuler que je me change et file pour mon 2ème cours de Yoga de la semaine. Quand je vous dis que je suis un nouvel homme !
Namasté à tous.