vendredi 11 avril 2008

Dernière niouze

Et voilà que s'achève mes 2 mois et demi à Los Alamos, la ville atomic ! Je me suis bien marré et j'ai vraiment appris beaucoup de choses sur les states, ainsi que sur moi même (manger des bananes le we, ça me rend malade, je n'ai pas un bon sens de l'orientation de les canyons...).
Demain commence mon road trip à travers le sud ouest américain en compagnie de miss La France et de Brozer Indiana Jones. J'ai tout préparé, vous commencez à me connaitre. J'ai fait le circuit avec tous les trucs à voir pour ne rien louper. Je sens qu'on va bien se marrer et qu'il va nous arriver tout un tas de trucs pas possibles :-) !
Donc voilà, depuis cette après-midi je fais mes adieux à tout le monde. Ils vont me manquer. On commençait à vraiment bien rigoler. Je continue à faire mes adieux... J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ces quelques niouzes pour vous faire partager mes aventures et mon quotidien.

De retour sur Paris, vous aurez droit au récit de nos aventures dans le farwest qui risquent d'être mémorables !

A bientôt ici ou ailleurs !

Sylvain

mardi 8 avril 2008

de Las Cruces à Los Alamos

Bon Las Cruces, c'est peut-être la 2ème ville du Nouveau-Mexique mais c'est tout pourri. Pas moyen de trouver le centre ville, ou plutôt, celui-ci est inexistant. Et c'est bien dommage, car après la nuit que je viens de passer, j'aurais bien apprécié un petit breakfast, sur une terrasse, dehors, au soleil.
Pour faire des économies mais aussi parce que c'est plus fun, on a fait une chambre filles et une chambre garçons. Les filles ont donc eu droit à une chambre avec 2 lits queen size, normal quoi. Nous les mecs, on a une droit à une chambre avec 2 lits King size, mais le hic, c'est que les lits King size n'en avaient que le nom. J'ai donc dormi avec mon collègue Michele, chacun dans son coin essayant de ne pas trop bouger pour éviter de toucher l'autre. Et puis moi j'avais trop chaud, comme d'hab, alors j'ai dormi sur les couvertures, tandis que Michele avec froid et a dormi avec les couvertures remontées jusqu'au nez. Et puis à 5h du mat', le voisin du dessus à décider que c'était l'heure et qu'il devait marcher dans sa chambre pendant les 3 prochaines heures. Le parquet grinçant, j'ai pas réussi à fermer l'oeil. Enfin bref, une grosse nuit de merde alors que j'avais bien besoin d'être en forme pour me taper le chemin retour.
Il fait chaud, je suis en tshirt, j'ai pas top dormi, et nous voilà parti à la recherche d'un endroit pour manger un bon breakfast. Rien dans le pseudo centre ville, nous nous retrouvons sur la nationale en direction de l'autoroute. On aperçoit un centre commercial. On s'arrete au Wendys, genre de macdo. Fermé. Le taco bell... fermé ! Nous nous rabattons à contre coeur au mac do (c'est dingue, il y avait la queue au drive in pour commander les breakfasts !). Je me suis tapé un sundays (mauvaise idée de mettre du glacé dans le bide au petit matin, ça passe pas top), et j'ai pris un grand café, histoire de pouvoir le mettre dans la place qui lui est réservé dans la voiture !
Après cette escale gastronomique, nous nous sommes dirigés vers le nord. On s'est arreté à Elephant Butte (drôle de nom) à coter de Truth of Consequence (autre drôle de nom). Il y avait un grand lac artificiel au milieu du désert. J'ai vu plein de cactus, comme dans les films :-) !




Après nous avons fait un détour de 150km sur une route sans issue, si si, ça existe. Elle mène à une des nombreuses ghost town de la région qui s'appelle Choride. Cette ville (je devrais dire village, car il ne reste que 50 habitants) est vraiment paumée au milieu d'un grand rien.



La ville a été construite vers la fin du 19ème siècle à la suite de la découverte de gisement d'argent. Très rapidement la nouvelle s'est répandue et la villa a atteint la taille très respectable de 3000 habitants en l'espace d'une dizaine d'année. Puis lorsque l'état a décidé de passer à l'or et au nickel pour faire les pièces de monnaie, le cours de l'argent à rapidement chuté et la ville a perdu la plupart de ses habitants. Les 50 habitants actuelles sont pour la plupart des descendants directs des pionniers. Le dernier pionniers est mort à la fin des années 90.
On retrouve encore des maisons de l'époque qui ont été abandonnées. Une en particulier, a été vendue et réouverte pour la 1ere fois depuis presque 100 ans avec encore tous les objets de l'époque à leur place. C'est maintenant un musée et c'est super impressionnant de se promener au milieu des objets d'époque, restés à leur place.







Ils ont aussi beaucoup d'humour les villageois (car il en faut pour vivre ici)


(à droite, on peut voir des chiottes super équipées, qu'on peut même regarder le satellite pendant qu'on ...)

Puis après avoir fait un saut de 100 ans, nous avons repris le chemin de Los Alamos. C'est long, très long.
Les aires d'autoroute sont mortels (dans tous les sens du terme).



(pour ceux qui ne le savent, rattlesnakes = crotale)

Sur le chemin, pour tuer le temps, j'ai lancé le jeu de "devenez à quoi je pense". On a bien rigolé. Et puis après j'ai lancé la discussion philosophique de "c'est quoi votre plan pour les 5 prochaines années, des gosses, combien de femmes/maris, où vivre...". C'était très instructif.





Et puis le temps a passé et nous avons dépassé Albuquerque, quant Carene remarque qu'il ne reste plus que 1/16ème de plein, c'est à dire pas grand chose. Alors, moi pour faire le malin et faire flipper un peu tout le monde (et puis je suis un sacré bout en train), je leur dis que c'est pas la peine de faire de l'essence. "Aahhh, bah mince, on vient de louper la dernière station service avant 80 km". Et là grand silence tout à coup. Je sens comme de la tension dans l'air. Plus personne ne parle. Grand silence. Moi, du coup, je refais mes calculs et je tombe juste, trop juste. Je décide de sortir à la prochaine sortie, qui est aussi la dernière sortie avant les 80km. Et je fais demi tour pour aller à la station. Michele, pousse un très grand soupire de soulagement... Que je suis drôle. Une fois le plein fait, on repart pour Los Alamos, tout le monde s'étant remis à discuter.
Et voilà le week-end se termine. Je récupère toutes mes affaires dans la voiture, j'ai un peu froid. Je cherche mon manteau... Pas de manteau.... Et merde, je me souviens très bien où je l'ai mis la dernière fois : dans la penderie du motel à Las Cruces !!! Il est resté là-bas !
Je tel le soir même au motel, mais le parton est déjà parti. Je rappelle le lendemain matin et là le patron, intransigeant me dit que ce n'est pas possible de me le renvoyer, mais que par contre ils le garderont un mois. Ça me fait une belle jambe. Moi, j'ai pas le temps de redescendre à Las Cruces. La dernière solution, c'est que je fasse l'aller-retour vendredi dans la journée en espérant arriver avant que l'avion de la France n'arrive à Albuquerque. Je serai tout naze mais j'aurai récupéré mon manteau (précisons qu'il est tout neuf et qu'il contient des trucs auxquels je tiens).
Je pars au boulot tout énervé, trop con je suis. Arrivé au dernier carrefour avant le labo, je cherche mon badge, pas de badge.... MEEERRRRDDDDEEEE, il est dans mon manteau. Et en plus du badge, y a aussi la clé du labo qui ouvrent toutes les portes... Je sens monter comme une bouffée de chaleur. "Sylvain ne cède pas à la panique, on va trouver une solution...". Je rentre illégalement dans le labo (bah oui j'ai pas de badge et si je me fais choper sans badge, c'est centre de rétention, directement...). Je fonce voir le chef. Je lui explique la situation. Lui, toujours en train de rigoler, ne rigole plus du tout (je ne l'avais jamais vu comme ça). Je sens bien que j'ai fait LA grosse boulette. Quand je lui dis qu'il est dans mon manteau à Las Cruces. Il s'exclame, "Las Cruces, near Mexico !! I hope you didn't go to mexico with your badge". Euh non, ouf. Et là il me dit qu'il va falloir changer toutes les serrures, qu'il y a maintenant une grosse faille dans la sécurité du labo (qui je le rappelle, est classé sécurité défense)... Je suis pas dans le caca, comme on dit. Ma tête se décompose. Je me hais. J'ai du mal, beaucoup de mal à imaginer la suite des évènements. Grand chef, appelle le motel. Dit que dans mon manteau, il y a des trucs très importants et qu'on aimerait bien le récupérer (ça faisait un peu genre: "bonjour, c'est la CIA, ben voilà, on a besoin de récupéré le manteau car dedans il y a un peu des "trucs" secret défense qu'il faut pas que ça tombe entre les mains de n'importe qui"!!). Qu'il serait bien aimable de faire un petit geste. Il finit par craquer et se propose d'aller déposer le manteau dans un drop off Fedex ou UPS. Mais, bon, si la femme de ménage mexicaine a fouillé dans les poches et qu'elle est tombé sur mon badge et qu'elle en a fait part à un informateur directement en communication avec les services secrets des ennemis des states, je suis très très mal...). Avant de complètement céder à la panique, je rassemble mes forces, je réfléchis et je dis que je vais quand même vérifier chez moi s'il n'y est pas. Sur le chemin, je me hais, toujours un peu plus. J'arrive chez moi, je rentre dans ma chambre. Je ferme les yeux, très fort et je vais dans la direction de là où il est censé se trouver. J'ouvre les yeux......... oulala, mais que vois-je. Il est là. Mon putain de badge est là ! Je suis passé en un quart de seconde du plus misérable au plus heureux des hommes. Je suis soulagé. J'ai un sourire à m'en décrocher la machoire. Mon manteau à Las Cruces devient une broutille. Si je le récupère, tant mieux, mais après ce que je viens de vivre, c'est peenuts. Je retourne au labo. J'annonce la bonne nouvelle au grand chef qui retrouve instantanément le sourire lui aussi. On n'est pas passé loin du drame diplomatico-sécuritaire...

Pour la petite histoire, mon manteau est parti ce matin de Las Cruces en overnight et devrait arriver demain à 15h.

Tout se termine bien, comme d'hab', c'est trop facile, j'ai envie de dire :-) !




De Los Alamos à Las Cruces

Ce week-end n'a pas été de tout repos...
Nous, et oui, nous, car je suis parti avec Carène, ma collègue Française, Michele, mon collègue Italien et 2 autres Italiens (Franchesco et Sara), sommes partis vendredi soir de Los Alamos pour faire une grande traverser du Nouveau-Mexique.
Nous avons pris ma voiture, tellement elle est bien et donc je me suis tapé les 1500km tout seul comme un grand.
Le but de ce trip, c'était d'aller voir le VLA: Very Large Array (pour ceux qui ont vus le film Contact avec Jodie Foster, une partie des scènes a eu lieu ici). Il est ouvert au public 2 fois par an et Samedi dernier, c'était le bon jour. Le VLA est composé de 27 radars qui en fait le plus grand télescope du monde.
Pour y arriver, il a fallu traverser une partie du Nouveau-Mexique, et prendre une route qui mène nulle part, à travers le désert et les villes désolées.
Le site du VLA est immense. Les radars peuvent se déplacer suivant la résolution ou la sensibilité désirées. Tous les 4 mois, ils déplacent les radars à l'aide de l'engin rouge qui les porte en suivant les rails. Comme le VLA est une vieille technologie, tout est analogique, jusqu'à l'arrivée dans la salle des crosscorrélateurs (où sont multipliés entre elles les phases et les amplitudes de chacun des radars pour reconstruire le signal).







C'était super instructif. Et puis la visite de la partie technique était assez marrante car on se croyait tous au labo avec des oscillos (comme ceux que j'utilise en ce moment), des câbles BNC, des géné...

Après, on est allé direction White Sands national monument . C'est super loin. On a contourné la région où la 1ere bombe nucléaire a explosé. Le site s'appelle Trinity Site et se visite aussi une fois par an (le même jour que le VLA). Mais on n'y est pas allé car on nous avait dit qu'il n'y avait pas grand chose à voir. Par contre des collègues vont dans le coin à la fin du mois, dans une zone autorisée pour récupérer des roches qui ont subies le souffle de la bombe (l'essai était en plein air). On a donc contourné la zone qui répond au joli nom de white sands missile range, tout un programme. Il parait qu'il y a eu des essais la semaine dernière. D'ailleurs on voyait une espèce de fumée au loin et plus on s'approchait plus le nuage était épais.


(le désert, et un vautour ? Il a la tête toute rouge...)

Ce n'est que quand nous sommes arrivés à White Sands que nous avons compris que la fumée, c'était le sable du parc qui formait un nuage sur toute la région.
On a du se grouiller à mort pour arriver à White Sands car on ne voulait pas louper le coucher de soleil qui, d'après ce qu'on nous avait dit, était incroyable.
Et on ne nous avait pas menti. Le sable blanc est super blanc, on dirait presque de la neige. Ce n'est pas du sable comme celui qu'on trouve au bord de la mer mais du sable provenant d'un composé de carbonate de calcium que l'on ne trouve que sous cette forme ici. Il se dissout dès qu'on ajoute de l'eau, c'est pour ça que ce site est unique. Voici quelques photos.














Lorsque que le soleil s'est complètement couché, on est parti et nous avons rejoint la ville de Las Cruces, tout prêt de la frontière mexicaine.
Et comme il se fait tard, je vais me coucher. La suite demain.